Elle est un ange fantasque !

Eva Rojas, le retour ! Eva Rojas est psychanalyste, mais on sait depuis le précédent album, « Je suis leur silence », qu’elle a la parole facile, le délire coutumier et la dérive aisée. Bref, qu’elle est insaisissable ! Alors, quand elle se met à jouer les détectives, dans ce « Je suis un ange perdu », rien ne va plus ! Et c’est précisément là que cela nous va très bien !

Comme l’indiquait Gilles Ratier à propos du précédent titre ici dans BDzoom : « Après ses remarquables albums avec le scénariste Zidrou — dont l’émouvant « Lydie » — ou le très beau et poétique « Malgré tout », le Barcelonais Jordi Lafebre nous embarque dans un lumineux thriller féminin, au ton résolument moderne : aussi tendre que loufoque ». De ce point de vue, c’est bien les mots qui conviennent : moderne et loufoque.

De fait, il faut s’accrocher pour suivre cette héroïne atypique, impulsive et aveuglément fonceuse. Mais elle n’est pas la seule ! Autour d’elle, gravitent des personnages non moins pittoresques, non moins farfelus, aussi séduisants que complétement barrés. On retrouve ainsi le docteur Llull, le psychiatre de la psychanalyste ! Là, déjà, on sent que ça va délirer grave, car Jordi Lafebre a un incroyable talent de dialoguiste et le sens de la formule.

Comme on est à Barcelone, Lafebre s’est dit que ce ne serait pas stupide de plonger son extravagante héroïne dans un milieu dont elle ne connait rien : le foot ! En effet, entre un de ses patients, le jeune Joao, disparu et le meurtre d’un néonazi, elle devient la coupable idéale ! Mais vu son talent pour expliquer les choses – ou plutôt les compliquer tant elle a le sens du discours labyrinthique – l’inspectrice Merkel n’en est pas sortie.

Et voilà près de 110 planches virevoltantes, dans les pas d’une jeune femme survoltée à la logorrhée capricieuse, poursuivie, qui plus est, par des voix ancestrales qui la harcèlent ! Eva l’avoue : « Je ne suis jamais toute seule ! ». De sorte que l’on est emporté dans un récit sérieux et drôle à la fois, incontestablement déjanté : un « polar », comme indiqué en couverture, qui tient aussi de la satire sociale et de la chronique familiale.

Et ne parlons pas du dessin endiablé de Jordi Lafebre qui fait mouche à chaque case. Le plus extraordinaire est en effet ce trait, élégant, expressif, dynamique, le tout coloré avec douceur et chaleur : ce qui fait qu’on se sent bien dans cette histoire et dans cette galerie de personnages finalement infréquentables.

Didier QUELLA-GUYOT

Sur BDzoom.com : http://bdzoom.com/author/DidierQG/

Sur L@BD :  https://basenationalelabd.esidoc.fr, et sur Facebook.

« Je suis un ange perdu » par Jordi Lafebre

Éditions Dargaud (32 €) – EAN : 9782505130796

Parution 17 octobre 2025

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